Recherches à la Bibliothèque

03/02/2015

Planque d'Eastend

Passé la large porte, je me retrouve dans un hall d'entrée immense qui pourrait être magnifique s'il ne s'en dégageait pas une impression inquiétante. La salle paraît être aussi haute qu'une cathédrale et j'ai de la peine à distinguer le plafond plongé dans l'ombre. Des escaliers partent de droite et de gauche pour se rejoindre au centre en une plateforme qui s'allonge ensuite de part et d'autre du bâtiment pour créer un étage. A perte de vue, aussi loin que mes yeux peuvent voir, il n'y a que des rangées de livres. Des étagères poussièreuses et noircies par le temps et les émanations putrides. Mon regard se pose un peu partout et je tente tant bien que mal de repérer des éventuelles sorties en cas de fuite. J'ai là un avantage compte tenu de ma longue expérience dans ce domaine, aussi je pense être assez doué pour ne pas me faire repérer, même en Enfer. Cependant, il ne faut jamais être trop sûr de soi et je me décide que l'attitude la plus discrète est de m'avancer jusqu'à un comptoir très bas derrière lequel se trouve deux renards. Le pelage de l'un est d'un roux vif et brillant tandis que l'autre est teinté de reflets gris. Je sais qu'il faut me méfier de ces animaux et de leur ruse, mais je n'ai d'autre choix que de m'adresser à eux d'une voix profonde.

- La section sur l'histoire

Autant être direct et ne pas trop parler. La pire des choses c'est de discuter car même sans le vouloir, on peut révéler bien des choses. Je choisis donc de ne pas demander la même section que Grace afin de ne pas attirer l'attention sur moi et je suis celui qui semble être le plus jeune des animaux. Je n'aime guère son aspect, il me lance un regard vicieux et j'aurais presque pu déceler un sourire en coin. Il me faut pourtant lui emboîter le pas, ce que je fais d'une démarche plus assurée que je ne l'aurais cru. La montée d'adrénaline ne se fait pas attendre et la casquette enfoncée à présent jusqu'aux sourcils, je lance des coups d'oeil discrets de part et d'autre afin de repérer mon ange ou une éventuelle sortie. Je vois que sous mes pieds se dessinent à intervalles réguliers des grilles qui mènent je ne sais où mais qui ont l'air solidement fixées. Il me faudra prendre un pied-de-biche ou quoique ce soit de similaire lors de notre prochaine visite.

Nous atteignons enfin la section de la bibliothèque consacrée à l'histoire et je m'engouffre dedans avec un rapide « merci », feignant de m'intéresser à des documents datant de la Première Guerre Mondiale. Je ne sais pourquoi j'ai pensé à venir ici, mais tout à coup je me dis qu'il serait bon de nous documenter sur le monde que nous avons laissé en mourrant. Qu'était devenue la Terre depuis notre départ ? A quoi devions-nous nous attendre si d'aventure nous réussissions à sortir des Enfers ? Pendant un long instant, je me fixe devant les étagères face à moi avant de parcourir les rayons et de me retrouver dans une partie consacrée au XXe et XXIe siècles. Je me décide sur un large bouquin, presque aussi épais qu'un dictionnaire, et commence à le feuilleter lorsque j'apperçois que le renard qui m'a amené me dévisage. Il déguerpit quand je me retourne vers lui mais cette impression d'être épié ne me lâche pas.

Je décide de me rendre vers l'une des tables situées contre le mur et me mets face aux étagères pour avoir une vue d'ensemble et un oeil sur qui viendrait dans ma direction. Après un dernier regard aux alentours, je me plonge dans ma lecture et tente de récolter un maximum d'informations sur ce qui constitue le monde à présent. Je souhaite retrouver Grace au plus vite, mais la prudence est de mise et je ne peux qu'attendre qu'un long moment soit passé avant de la rejoindre. Il me semble soudain être là depuis des heures lorsque je me décide qu'il est à présent sage d'aller la trouver. Heureusement je la repère assez vite quelques rangées plus loin et la rejoins sans un bruit.

- Je suis dans les livres d'histoire, là-bas. Tu as trouvé quelque chose d'intéressant ?

Un soulagement s'empare de moi à sa vue. Soulagement de savoir qu'elle va bien, mais également que notre plan est en route. A cette pensée, je suis quelque peu rasséréné et je me dis que, tout compte fait, nous avons peut-être une chance de nous en sortir. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres et je lui lance un regard encourageant avant de remarquer qu'elle est dans la section des créatures. J'irais donc m'informer sur les armes par la suite. Mais peut-être pas aujourd'hui. Ce renard ne me dit rien qui vaille et il est préférable d'être certain qu'il ne me collera plus au train avant de m'aventurer ailleurs. Surtout que je ne resterai pas sans rien faire, rattraper presque 100 ans d'histoire n'allait pas être de tout repos.